Les vives paluches de l’air venu du large brassent l’odeur lourde du goémon qui sèche sur l’écueil
éparpillent sans complexe sur l’île l’ombre translucide d’arômes épais et âcres que la mer lâche sur les côtes. Elles déversent ses exhalations saumâtres jusqu’au tréfonds des cellules de l’air et l’écho
ou murmure le passé
étourdi l’âme
Mais l’air humide et salé
aussi
pose des baisers
sur mes joues d’enfant insoumise. Va, mésange ! Cours sur le fil de l’horizon suis le sillage des rêves faufile ta petite âme libellule parmi le grillage des doigts tors de l’amour
Et trouve ta terre
Va là où le vent passe sa main dans les cheveux
bataille la tignasse et la bruyère
fait chanter les corolles bigarrées, chorégraphie bruissonnante
éclate ses bouffées de rire qui résonne résonne résonnera dans l’haliotide
Chante à tue tête avec lui il distribuera ta voix aux quatre vents
Mais méfie-toi de la falaise, garde les Cieux ouverts
pour que la lumière
tempère
tes faux pas
30.04.2013
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Après La Lettre d’Australie, La Muette et La Femme du peintre,
je vous propose de découvrir, à travers Le Déménagement,
une nouvelle bouleversante, d’une cruelle réalité contemporaine.
Il n’y a rien à dire de plus, juste, à écouter…
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Après une première partie de Singulier Pluriel de Gil Pidoux, voici sept nouveaux portraits clandestins d’hommes vus à travers le prisme de sa sensibilité et de sa bienveillance : la torture du Jaloux, la virtuosité de L’Alpiniste, l’optimisme du Fabuleux, le mystère des Silencieux, la maîtrise du Vielleux (à Marcel Karlen), la suffisance de Taqua-taqua et pour terminer un Miró plus peintre que nature.
cœur à cœur
enlacés, clair-obscur
dans l’écrin velouté de la nuit
peau contre peau, tes soupirs de soie
esquissent
de lascives arabesques
et la danse de nos souffles, qui s’enlacent
au fin froissement des draps
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« Savoureux portraits d’hommes, saisis au vol par le stylo vagabond d’un écrivain en maraude, sensuel et gourmand. »
Cette 1ère série de portraits masculins de Gil Pidoux commence par la lecture de la quatrième de couverture de son livre Singulier pluriel, composé de cinquante « courts métrages » clandestins, suivie ensuite par la lecture de quatre de ces portraits :
Le Papa, L’Homme des pierres, Le Fromager et Dudu des îles.
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Lecture audio
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Je remercie infiniment Gil Pidoux, qui a consenti avec amabilité et générosité à la publication de quelques unes des nouvelles de son recueil Les Veuves. Avec l’aimable autorisation des Éditions Au Plaisir de Lire.
Je voudrais être
Non pas cette marmotte, troublée
Par votre souffle d’homme
Non pas ce champs de blé, riant
Sous l’onde d’un soupire
Pas même ce paysage, radieux
Tout tissé de soleil
Je voudrais être
Ni la pierre ni la mousse
Ni le chant de l’oiseau
Ni le piaf qui louvoie dans l’ombre des nuages
Je ne voudrais être
Aucune de vos passions aucun de vos désirs
Aucun de vos espoirs
Aucun de tous vos rêves
Je voudrais être, sans faim
Juste pour un instant, éphémère "éthernité"
L’être installé à vos côtés
Contemplant en silence les plissures de la terre
Les fronces de l’étang, les ourlets de la pierre
Laisser l’haleine du vent caresser mon visage
Et sentir sur ma peau le sanglot des nuages
Je voudrais, sans raison
Humer à vos côtés, juste l’instant d’un temps
La beauté de la vie
Et reposer mon âme au creux de cet instant
Assise au bord du temps, ainsi rêvant à ça
Je demande au Bon Dieu de devenir vos plumes
Quand l’heure sera venue, pour vous, de devenir oiseau
A Philippe Dubath - 30.01.2013
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Gil Pidoux (1938) consacre sa vie au théâtre : comédien, metteur en scène, adaptateur et encore décorateur. Il a également écrit de nombreuses pièces pour la scène ou la radio. Et ce n’est pas tout, Gil Pidoux est également peintre et poète.
Après La Lettre d’Australie, Gil Pidoux nous invite à partager à nouveau sa sensibilité et sa tendresse à travers La muette, une nouvelle apaisante et tendre, ou comment sacrer l’absence à travers le silence et le recueillement.
Je remercie infiniment Gil Pidoux, qui a consenti avec amabilité et générosité à la publication de quelques unes des nouvelles de son recueil Les Veuves. Avec l’aimable autorisation des Éditions Au Plaisir de Lire.
Dans le sombre de l’aube, j’écoute s’envoler, par la fenêtre ouverte de mon cœur chagrin, mes pensées silencieuses ; elles cherchent la lumière
Le vent s’est fait la malle et le papillon jaune qui dort sur la fougère ressemble à s’y méprendre à un brin de soleil
en fugue
Les nuages sont bas, caressent le crêpons des arbres endormis
Croupissant au cachot d’un quotidien trop pâle
Impuissante aux malheurs, incapable de mieux
je respire le songe de m’évader soudain de cette vie trop brusque
de la prison d’épines
qu’est ma mélancolie
Les gens autours de moi boivent aux coupes d’argent le vin noir que la vie leur distille chaque jour
Et moi je reste là, rêvant d’être là-haut
d’être là-bas, d’être plus loin
dans la forêt humide, à rire entre les arbres, à croire à leur mirages et à leur poésie
à coucher sur la mousse, à respirer la terre, manger des baies des bois et lamper le chagrin qu’un nuage amoureux pleurerait sur mes lèvres
à lire entre les lignes
les sillons d’avenir dessinées sur les feuilles
Dans le sombre de l’aube, je rêve à tout cela
et à bien plus encore
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